Né le 19 juin 1943 à Nice, Alain Fourchotte effectue des études complètes dans ses domaines de prédilection que sont la littérature et la musique. Au cours de son apprentissage musical, il travaille notamment avec René Callonico pour l'analyse et Mario Vittoria pour la composition. C'est dans la classe de ce dernier au Conservatoire de Nice qu'il obtient du reste un premier prix, à l'instar de celui qu'il décroche à l'issu de son cursus de flûte.
Récompensé par le Grand Prix de composition de la Ville de Nice en 1975, Alain Fourchotte entreprend dès l'année suivante de se perfectionner à Darmstadt auprès de György Ligeti, Mauricio Kagel et Cristóbal Halffter, avec qui il noue une amitié durable. Preuve s'il en fallait encore que son travail suscite l'attention, le ministère de la Culture lui octroie une bourse qui lui permet de faire partie des élèves de Franco Donatoni à Sienne (1980).
Parallèlement à son activité compositionnelle, Alain Fourchotte œuvre à la promotion de la musique contemporaine en s'investissant au sein d'infrastructures locales. Au C.A.R.I. de Nice, il présente et dirige en l'espace de cinq ans – de 1977 à 1981 – un nombre important de concerts entièrement dédiés au répertoire contemporain, qui aboutissent à la création mondiale de vingt-deux œuvres sur un total de quatre-vingt treize. Au Centre international de recherches musicales (CIRM) et au festival Musiques actuelles Nice Côte d'Azur (MANCA), il apporte sa collaboration (1978-1983), évoluant aux côtés du fondateur de ces institutions, le compositeur Jean-Étienne Marie.
Titulaire d'un Doctorat d'État de musique depuis 1991, Alain Fourchotte intervient à la faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de Nice – dont il dirige par ailleurs la section musique de 1996 à 2001 – en tant que maître de conférences. Auteur d'une thèse sur « les procédés de concentration et d'expansion dans la musique de la seconde école de Vienne », le compositeur y explore des problématiques qui lui sont chères. Ainsi, pour Daniel Charles, lequel écrit un article intitulé Sur quelques œuvres d'Alain Fourchotte, « rassembler quelques-unes de ses partitions majeures, élaborées pour l'essentiel entre 1979 et 1983, c'est-à-dire à la veille de la préparation de sa thèse, c'est se donner de quoi comprendre non pas tant l'élaboration de cette thèse en elle-même, que les raisons qui ont guidé le choix de son sujet ». Et d'ajouter que « si les catégories de concentration et d'expansion ont intéressé l'exégète de la seconde école de Vienne, c'est qu'elles concernaient au premier chef le musicien qu'il allait devenir – et qu'il était déjà ».
Dans un article consacré notamment à son style et aux influences qui le nourrissent [1], Alain Fourchotte témoigne de son intérêt à l'égard des « musiques pensées à la structure fortement hiérarchisée » pour lesquelles il ne craint pas « l'épithète prétendue infamante d'intellectuelles ». Mais s'il compte Boulez, Berio, Boucourechliev, Marie, Halffter, Ferneyhough, Dusapin et Malherbe parmi ses « affinités électives », il n'en reste pas moins fondamentalement indépendant. C'est que sa production, d'abord influencée par le post-sérialisme, s'est ensuite émancipée de tout mouvement et de tout dogme.
La présentation liminaire par Alain Fourchotte de son catalogue d'œuvres laisse quant à elle apparaître certains aspects qui ont durablement orienté sa démarche compositionnelle. Ils touchent par exemple à l'écriture à travers « l'utilisation maximale d'un matériau librement choisi au départ » (Quatre Reflets pour clarinette et piano ; Concerto pour flûte ; Concerto pour clarinette ; série des Iter) et participent au renouvellement de la forme via l'emprunt de techniques au domaine pictural – à l'instar de l'insert – (Insertions pour hautbois, clarinette, alto, violoncelle ; Glyphes pour flûte(s), microphones et piano), le détournement de structures littéraires à des fins musicales (Ex libris pour ondes Martenot, piano et percussions) et l'application, dans le champ du sonore, de figures grammaticales, syntaxiques (série des Digressions pour saxophones ; Tmesis pour clarinette et piano) ou métaphoriques (Aphélie pour quatre clarinettes ; Récifs pour flûte(s), clavecin et percussion). Le travail d'Alain Fourchotte s'est également articulé autour du théâtre musical (Médée), de l'exploration des manipulations électroacoustiques (Ouverte ou fermée pour clarinette et bande ; Étude I pour sons de synthétiseur) et des micro-intervalles (Hornstück pour cor seul ; Plenum pour piano et sons de synthétiseurs) ainsi que de la recréation, par l'orchestre, de notre environnement quotidien (Ressac pour orchestre).
[1] Des interviews réelles à une interview imaginaire/Alain Fourchotte. 1991