Né à Paris en 1954, Jean-Marc Singier interrompt ses études littéraires et met un terme à sa préparation à l'École normale supérieure pour se consacrer à la musique. Il s'initie à l'harmonie et au contrepoint auprès de Solange Chiapparrin, cultive sa pratique de guitariste et prend des cours de percussion africaine à l'institut d'Art de Dakar ainsi que de percussion iranienne à l'UER d'ethnomusicologie de Paris. Ses études compositionnelles l'entraînent à l'étranger, notamment à Bucarest et à Vienne où il suit respectivement les séminaires d'Aurel Stroe et de György Ligeti (1979-1980). Puis c'est en Italie qu'il se perfectionne auprès de Franco Donatoni à l'« Academia Chigiana » de Sienne d'abord (1981-1982), puis à l'Académie « Santa Cecilia » de Rome (1982-1983) où il obtient son prix de composition.
Dès le milieu des années quatre-vingt, le travail de Jean-Marc Singier fait l'objet de toutes les attentions : en 1985, la fondation Maurice Ravel lui accorde sa bourse pour son œuvre Blocs en vrac de bric et de broc et l'année suivante, il est nommé pensionnaire à la villa Médicis pour une durée de deux ans. Un stage d'informatique musicale à l'Ircam (1992) complète sa formation.
S'il est un point d'entrée qui nous renseigne sur la musique de Jean-Marc Singier, c’est le titre de ses œuvres. À travers le choix qui est fait, on perçoit notamment une préoccupation à l'égard de la clarté formelle (Figures en phases, éparses, emphases, épures - 1986) de même qu'un attachement au timbre par le biais d'un jeu, constamment renouvelé, sur l'assonance, l'allitération et la sonorité des mots (Bouts-rimés burinés - 1983 ; Traces, et strettes, en strates… en strophes - 1989 ; Bout à bout, tout à trac - 1993 ; Farandoles de bribes en ribambelles - 1997). Autant de raisons pour lesquelles on reconnaît la musique de Jean-Marc Singier avant même de l'avoir entendue. Une musique où le rythme a une importance fondamentale et qui, pour se nourrir des influences les plus diverses, n'en reste pas moins profondément originale. Car si l'univers musical de Jean-Marc Singier est éminemment éclectique, son écriture, qui semble procéder le plus souvent par l'agencement minutieux de fragments, reste très personnelle. Fréquemment présenté comme un compositeur « ludique », il ne cache pas son admiration pour Stravinsky, certains courants du jazz (dixieland, be-bop), l'École Notre-Dame ainsi que pour des artistes comme Archimboldo, Bosch, Kandinsky, Picasso, Tinguely, Rabelais, Jarry ou Queneau.
Le catalogue de Jean-Marc Singier compte actuellement une trentaine d'œuvres, essentiellement des pièces pour ensembles de chambre : À gogo de guingois, pour treize instruments - 1992 ; Bout à bout, tout à trac, pour trois percussionnistes et dispositif électro-acoustique - 1993 ; Blocs en vrac de bric et de broc, pour douze instruments - 1994 ; S'immiscent en phases, en lice, en files, pêle-mêle, pour six instruments - 1994 ; Rouages d'œillades, voire…, pour sept instruments - 1997 ; Salmigondis, pour six percussions - 2001 ; …aux sas, à six, …et plus, pour percussions et sons de synthèse - 2004 ; Septuor - 2010, ainsi que des compositions pour instruments solistes : Bouts rimés burinés, pour clarinette - 1983 ; Élans, saccades, et biais du flux, pour piano - 1996 ; Fragments distincts, fouillis d'instants, pour piano - 2001 ; Triés, pétris, pêle-mêle, pour piano - 1997, auxquelles s'ajoute un récent opéra créé en mars 2011 au sein de l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille (Chat perché).
Parallèlement à ses activités compositionnelles qui lui valent soutien (Bourse de la Fondation Beaumarchais pour l'opéra susdit) et reconnaissance (Prix des compositeurs de la Sacem en 2004 ; Prix musique de la SACD pour l'ensemble de son œuvre en 2012...), Jean-Marc Singier exerce par ailleurs en tant que professeur à l'ENM d'Auxerre depuis 1989.