Iradj Sahbai est né en 1945 à Téhéran en Iran. Il débute ses études musicales avec Samin Baghchehban, Hossein Nasehi, Shifteh Sedqi et Mostafa-Kamal Purtorab. Il découvre Olivier Messiaen sur Radio Téhéran et nourrit le désir de l’avoir pour professeur. Il obtient un premier prix musical, décroche une bourse d’études et part en France réaliser son rêve en 1966. Il étudie au Conservatoire de Strasbourg, réussit le concours d’entrée en classe d’harmonie du Conservatoire de Paris. Trois ans plus tard, il entre dans la classe de composition d’Olivier Messiaen, où il obtiendra son prix de composition. Il se forme également à la direction d’orchestre, obtient un premier prix dans la classe de Jean-Sébastien Béreau et se perfectionne à Nice avec Pierre Dervaux et à Salzbourg avec Milan Horvat.
L’écriture d’Iradj Sahbai mêle vivacité rythmique et expressionnisme des voix. Ainsi dans Les sept miniatures persanes, sur des poèmes de Hâfez, les deux voix de femme sont accompagnées par une flûte en sol, un instrument à percussion et un zarb. Musicien en quête de couleurs, il cherche à transposer dans l’art des sons les vibrations de la lumière (L’ombre et la nuit pour dix instruments et ensemble vocal). Il innove avec de nouvelles formes, notamment dans Méta-Shur, œuvre pour grand orchestre symphonique en hommage à son maître Olivier Messiaen. Il travaille également sur les quarts de ton, qu’il transcrit au moyen d’une portée de plus de vingt lignes (Alephbaï pour douze voix).
Son œuvre témoigne d’une grande attirance pour une musique évocatrice de la culture persane. La littérature persane lui a ouvert le chemin vers une musique universelle où se rejoignent l'Orient et l'Occident, tradition et création. Les textes de ses pièces vocales utilisent des paroles empruntés à la poésie persane, pour laquelle il se livre à une recherche métrique. Les œuvres de Nimâ Youshidj (1895-1959), fondateur de la poésie moderne en Iran, se retrouvent dans plusieurs compositions. Ainsi dans Ghoghnousse, la musique prépare l’atmosphère, commente les images évoquées, accompagne et se met en contrepoint avec le poème. Iradj Sahbai exploite ici la voix sous ses différents aspects, ainsi qu’une clarinette-contrebasse, un zarb et un piano dont le timbre est transformé par un modulateur à anneaux.
Sa pièce pour ensemble vocal Dans le miroir du matin (1986), commande du ministère de la Culture et de la Communication, met en valeur un texte du poète et savant persan Omar Khayyâm.
Iradj Sahbai s’inspire des modes de la musique traditionnelle persane. Dans Nâghouss, dédié à 50 000 compatriotes morts dans le tremblement de terre de juin 1990, il se base notamment sur le mode Navâ. Le poème-fleuve de Nimâ Youshidj impose à l’œuvre son rythme, sa métrique, son expression, son chant intérieur et enfin sa forme. Le compositeur considère les instruments à percussion d’abord comme un orchestre pouvant remplir l’espace des hauteurs d’une façon complète, et seulement après, en second lieu, comme des instruments percussifs, désirant, en toutes circonstances musicales, garder la primauté du chant à tous les niveaux.
Iradj Sahbai traite avec aisance des sujets légers comme des sujets dramatiques. Il aborde les thèmes de l’amour (Une fleur pour soprano et piano) et de la nostalgie avec les chants populaires mêlant lyrisme, expressivité, mélancolie, équilibre et hardiesse (Dix-huit mélodies populaires persanes pour soprano et harpe).
Il apporte sa collaboration à l'Atelier lyrique du Rhin, la Biennale de Paris, l'Ircam, le festival Manca de Nice, le Présent musical d'Orléans, le Festival de Beauvais, le festival Musica de Strasbourg, le Festival de Forbach, le Festival de Dresdner, le festival des 38e Rugissants de Grenoble, le Festival de Cracovie, le Festival de Kiev, l'Ensemble « Nem » de Montréal, le Conservatoire national supérieur de Lyon et le Conservatoire de Strasbourg.
Chef d’orchestre installé dans la région de Strasbourg, il fonde en 1986 l’Orchestre de chambre de Schiltigheim, qu’il dirige durant onze ans et dont il ouvre les portes aux compositeurs de tous horizons. L’orchestre de chambre de Schiltigheim interprète sous sa direction des musiques des xviie, xixe et xxe siècles et enregistre notamment L’Histoire du Soldat de Stravinsky.
Iradj Sahbai est régulièrement invité par l’Orchestre symphonique de Téhéran et dirige également, l'Orchestre des jeunes de Sherbrooke du Canada, l'Orchestre d'harmonie de Paris pour Orpheo de Berio ainsi que, pour ses œuvres, les Percussions de Strasbourg, l'Orchestre du Conservatoire de Boulogne-Billancourt, le Parsian Orchestra et l'Orchestre royal philharmonique de Londres.