Eric Montalbetti, qui êtes-vous ?
Le son et/ou le bruit que vous aimez
Le chant du merle et de la merlette autour de l'angelus qui sonne près de chez moi avant la tombée du jour (oui, en plein Paris !) : ma musique reste une musique d'intervalles et de couleurs, même si j'aime jouer dans l'orchestration de certains effets de textures ou utiliser dans certains passages les propriétés dynamiques de la percussion, c'est toujours d'abord avec des notes et ensuite avec des modes de jeu, pas le contraire.
L’œuvre que vous auriez aimé composer
Difficile à dire, il y en a tant de merveilleuses à toutes les époques, mais sans doute plus que tout "La Mer" de Debussy (créée en 1905 !) que j'ai écoutée des milliers de fois dans l'enfance avec une fascination toujours plus grande (dans le merveilleux enregistrement de Pierre Boulez avec l'orchestre Philharmonia de Londres) et qui reste toujours une source inépuisable d'émerveillement.
Quelle fut votre première émotion musicale
Ma mère écoutait "Le chant des adolescents" de Karlheinz Stockhausen paru au disque en 1968 l'année de ma naissance ! Mais je ne me souviens évidemment l'avoir écouté que plus tard (j'en improvisais des parodies en chantant au piano vers 8 ou 9 ans !). Plus consciemment, je crois que ce sont les disques de Wilhelm Kempff écoutés avec ma grand-mère, qui m'a convaincu d'apprendre le piano sur lequel j'ai rapidement cherché à inventer mes propres morceaux. Et aussi, grâce à l'intelligence de mon professeur Victoria Melki, dont je viens d'apprendre hélas la disparition cette année, la joie de découvrir dès mes premières années de piano Debussy et Bartok en même temps que Bach et Haydn ou Beethoven.
Votre (vos) héroïne(s)/héros dans la fiction
L'écrivain Peter Handke dans ses écrits comme "l'Essai sur la journée réussie", le poète des poèmes de Philippe Jaccottet, ou le narrateur de "Si par une nuit d'hiver un voyageur" d'Italo Calvino, c'est à dire avant tout de fascinantes figures d'écrivains pour leur pouvoir d'élargir nos horizons dans leur propre énonciation du monde et des êtres.
Votre occupation préférée
Ecouter comment les interprètes donnent vie à une partition ! C'est fascinant comme nos partitions ne sont finalement qu'une réduction de la musique que nous imaginons, et ont besoin que l'interprète s'approprie notre texte et soit lui-même traversé par des émotions pour révéler aux auditeurs l'essentiel de ce que l'on a voulu écrire. En ce sens, si la composition est un art solitaire, elle ne trouve son véritable sens que dans la rencontre avec ses interprètes.