Jean-Paul Dessy est né à Huy en Belgique en 1963. Il est très tôt attiré par le violoncelle, mais faute d’une classe de violoncelle au conservatoire de sa ville natale, il commence par étudier le piano durant quatre ans avant de pouvoir enfin débuter le violoncelle. Le piano lui servira désormais pour des improvisations.
Adolescent, il est passionné par la musique rock et par la musique contemporaine. Il découvre notamment Karlheinz Stockhausen au Palais des Congrès de Liège et rencontre, à l’âge de 16 ans, Olivier Messiaen, qui l’encourage à continuer dans sa voie de musicien. Il entre ensuite au Conservatoire Royal de Liège et se perfectionne auprès de maîtres tels Elias Arizcuren, Daniil Chafran, Yvan Monighetti, ainsi qu’auprès d’Irvin Arditti.
Jean-Paul Dessy étudie également les lettres et la philosophie à l’Université de Liège. Il compose alors, en autodidacte, des musiques pour les mises en scène du Théâtre universitaire. Auteur de nombreuses musiques de scène, il écrit ensuite pour Jacques Lasalle, Denis Marleau, Anne-Laure Liégeois, David Géry, Lorent Wanson ou Frédéric Dussenne, compose pour des chorégraphes tels que Carolyn Carlson (Dialogue avec Rothko), Frédéric Flamand ou Nicole Mossoux, pour les films et les défilés du styliste Hussein Chalayan ou encore pour Les Levers de soleil de Bartabas.
Violoncelliste, praticien des musiques de chambre non conventionnelles, il fait partie du groupe Maximalist ! (1986-1992) et fonde le quatuor à cordes Quadro qui, de 1988 à 1994, crée plus d’une trentaine d’œuvres nouvelles. Avec le pianiste Boyan Vodenitcharov, il forme un duo parcourant trois siècles de répertoire. Il donne, en solo ou avec orchestre, les créations belges ou internationales de nombreuses œuvres, dont plusieurs lui sont dédiées (Ledoux, Messiaen, Radulescu, Rzweski, Schnittke, Tanguy, Zhang,…). Il expérimente également de dynamiques « comprovisations » électroacoustiques avec Scanner, DJ Olive, David Shea, Fennesz ou Murcof.
En 1995, il s’engage dans la composition de musique non illustrative avec Incipit pour violoncelle seul, qu’il crée lors des rencontres de Bruxelles. Sa pièce L’Ombre du son, pour deux violoncelles, reçoit en 1997 le Grand Prix Paul Gilson de la Communauté des Radios publiques de Langue Française, ainsi que le prix Fuga des compositeurs belges en 1999.
Compositeur de pièces symphoniques (Serene Sirens, Into the C), d’œuvres de chambre (Orée-Oraison-Hors-Raison pour quintette à cordes et deux violoncelles, 2000 ; Tuor Qua Tuor pour quatuor à cordes, 2008) et électroniques (C Creed Secret, 1998 ; Kaleidoscore, 2003), il crée la musique de l'opéra Kilda, l'île des hommes-oiseaux (2005), qu'il dirige lors de l'ouverture du Festival d'Edimbourg en 2009.
Le titre des œuvres de ce licencié en philologie romane échappe rarement à l’assonance, à l’allitération. Il est tout autant son que sens. Pour Tuor Qua Tuor, qui signifie en latin « Le regard par où j’observe », il compose en observant le silence, en contemplant l’espace intérieur. Le contenu invite l’incantation, le murmure, la psalmodie, l’élan, l’invocation, le recueillement et le silence. Jean-Paul Dessy est particulièrement influencé par Giacinto Scelsi pour son travail sur l’intériorité du son, tout comme par Steve Reich, ainsi que par Arvo Pärt pour son chemin de vie et sa musique sacrée.
Ses œuvres ont été jouées en France (Ircam, festival Présences, festvial Manca, festival Musica,…) en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Hollande, au Canada, aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Pologne, en Roumanie, en Croatie, en Finlande, en Ouzbékistan ou encore au Japon.
Chef d’orchestre et directeur artistique de l’ensemble Musiques Nouvelles, il approfondit la brèche que l’ensemble a déjà ouverte dans le monde codé de la musique contemporaine, bouillant d’y élever une Babel musicale, ouverte à toutes les écritures créatives du présent.
Jean-Paul Dessy a dirigé plus de cent créations mondiales et près de deux cents œuvres de musique contemporaine, explorant la diversité du sonore aux confins du profane et du sacré. Son travail discographique a reçu de multiples récompenses : Le Choc du Monde de la Musique pour l'Intégrale de l'œuvre pour orchestre à cordes de Giacinto Scelsi en 2000, la distinction de Classica pour l'Intégrale de l'œuvre pour orchestre à cordes de Jean Rogister (2000) et les cinq étoiles de BBC Magazine pour celle de Witold Lutoslawski (2001). En 2010, il a dirigé la création parisienne de l'opéra Julie de Philippe Boesmans, mis en scène par Matthew Jocelyn.