Christian Clozier est né le 25 août 1945 à Compiègne. Violoniste de formation, il élabore divers instruments électromécaniques, tel l’hydrophilus, et pratique l’improvisation instrumentale et électronique (synthétiseur VCS3), notamment de 1969 à 1972 au sein de l’ensemble Opus N, qui comptait aussi les compositeurs Alain Savouret, Pierre Boeswillwald, Philippe Mathé ou encore René Zosso.
Christian Clozier étudie parallèlement à la Schola Cantorum, à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE), à l'EMAMu (Équipe de Mathématique et d'Automatique Musicales), au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, avant de travailler auprès de Pierre Schaeffer (1966-1970) au Groupe de Recherches Musicales (GRM), au sein du Service de la Recherche de l'ORTF.
En 1970 commence une longue collaboration avec Françoise Barrière, avec qui il fonde et dirige le Groupe de Musique Expérimentale de Bourges (GMEB), devenu en 1994 l'Institut international de Musique Électroacoustique de Bourges (IMEB), labellisé Centre national de création musicale en 1997 par le Ministère de la Culture, ainsi que le festival international des musiques et créations électroniques de Bourges, Synthèse, qui connaîtra 39 éditions, le Concours international de musique et d'art sonore électroacoustiques de Bourges (36 éditions), la revue musicale Faire et les Éditions Mnémosyne, avec les collections Chrysopée Électronique (43 CD) et Cultures Électroniques (40 CD), CDRom et livres des actes de l’Académie. L’IMEB devient ainsi un studio de musique électroacoustique international et très actif, une aventure qui prend fin en juin 2011.
En 2005, Christian Clozier devient président de MISAME, Mnémothèque Internationale des Sciences et Arts en Musique Électroacoustique. Il poursuit ainsi activement le travail de pérennisation et de diffusion de la mémoire de l'IMEB à travers la constitution et le développement d’un fonds musical et historique, en collaboration avec Françoise Barrière et avec la participation de l’ICST (Institut for Computer Music and Sound Technology) de Zürich et de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Le fonds IMEB ainsi que toutes les archives historiques, politiques, musicales, artistiques et technologiques de quarante années de pratique internationale en décentralisation sont déposés à la BnF.
Au fil des ans, il s’implique aussi dans diverses structures, organisations nationales et internationales : membre du conseil d'administration du Comité National de la Musique (CNM) de 1982 à 1996 ; président fondateur de la Confédération Internationale de Musique Électroacoustique (CIME) de l’UNESCO de 1982 à 1994 ; membre de la Direction collégiale de la Coordination des Associations Musicales (CAM) de 1983 à 2001 ; administrateur du Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CCSTI) de la Région Centre jusqu'en 2002 ; vice-président de la Société des Amis du Musée de la musique (Cité de la musique à La Villette) de 1994 à 2006 ; président d'honneur et fondateur de la Tribune Internationale de Musique Électroacoustique (TIME) de 1984 à 2007. Il est également nommé chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres (1985) et Doctor Honoris Causa de l'Université nationale de Cordoba en Argentine (2007).
Au sein de l’Atelier de Réalisation Technique Appliquée au Musical (ARTAM), avec Pierre Boeswillwald et Jean-Claude Le Duc, il est concepteur et designer d’instruments/systèmes. Il développe ainsi plusieurs studios pour la composition (Charybde en 1972, Scylla pour la formation et le mastering, Circé, Thésée, Marco Polo pour la pratique amateur, et le Cyberstudio), deux instruments électroacoustiques, l’un pour l’interprétation-diffusion en concerts (le Gmebaphone en 1973, devenu Cybernéphone en 1997) l’autre pour la formation-pédagogie des enfants et des amateurs, pour la découverte et la pratique de l’expression sonore et musicale électroacoustique (le Gmebogosse en 1972, devenu Cybersongosse en 1998). Le studio Charybde, premier studio de musique électroacoustique analogique modulaire, lui permet de créer ses premières œuvres de musique générative analogique (Quasars, 1980 ; Par Pangloss Gymnopède, 1984).
La musique de Christian Clozier est souvent brute, puissante, taillée dans la masse du gros son, des toniques graves prenantes, des rythmes automatiques et accidentés. Le timbre des suites électroniques (1981-1990) est riche et joue sur des effets de voiles produits grâce aux filtres et aux vocodeurs. Ses titres sont souvent emprunts de poésie (Le temps scintille et le songe est savoir d’après Paul Valéry, 1988). Ses œuvres sont jouées dans nombre de radios et festivals, comme lors de tournées internationales (33 pays) et sont éditées sous les labels Pathé Marconi, Chant du monde et Mnémosyne Musique Media.
Son travail de composition s’articule autour d’une pratique régulière de la complémentarité entre génération/prise de son, traitement/mixage et diffusion/interprétation. Il porte une attention particulière à la pratique et à la forme expérimentales, expressives et impressives, et fait preuve d’une ouverture sur l’ensemble des familles sonores, abstraites, concrètes, narratives, discursives, politiques et poétiques. Son intérêt pour la polyphonie modale de timbres et d’espaces ainsi que son souci de la simultanéité et son refus de la synchronicité, tout comme sa constance dans la génération de séquences à énergie expressive interne, résonnent dans son œuvre. Il utilise librement l'ensemble des styles et des moyens selon le projet musical, recourant fréquemment aux figures rhétoriques telles que parembole, asyndète, antimétabole, épizeuxe, antanaclase, assonance, parataxe, anacoluthe, zeugma, aposiopèse, tmèse, hyperbate, hypotypose, élipse, conglobation, métalepse, paraponoîan.
Il porte un intérêt systémique aux modalités de communication avec le public, dans une diffusion-interprétation adaptée pour chaque musique (au Gmebaphone, en multi-plans-espaces au Cybernéphone, ou encore par des configurations et multi-réseaux de haut-parleurs).
Christian Clozier crée également de nombreux spectacles multimédia monumentaux où s'articulent musique spatialisée, lumières, lasers, feux d'artifices, récits théâtralisés, notamment dans des lieux comme la cathédrale de Bourges, le Château de Chambord (Ainsi passant des siècles la longueur, surmontera la hauteur des estoilles, 1986 ; Chambord, et chaque pierre fée, Se sent un poids nouveau qui vers l’azur délire, 1988), le Château de Vincennes (Un soir ensemencé d’espèces lumineuses, nous tient au bord des Grandes Eaux,1986). Il a conçu et mis en scène une vingtaine de spectacles sur ses propres musiques et trois spectacles sur des musiques collectives.
Avec Françoise Barrière, il est aussi à l’origine d’une politique de commandes de « Séries », œuvres musicales et sonores à thèmes, et de nombreuses suites kaléidoscopes multinationales, qui ont pour ambition d’étendre le rayonnement de la musique électronique.
Enfin, Christian Clozier est l’auteur de nombreux articles musicologiques en lien avec ses activités à Bourges : revue Faire, actes des travaux de l’Académie de Bourges, ouvrages spécifiques sur ses nouveaux outils (Gmebogosse et Cybernéphone).