PARIS François (1961)

François Paris est né en 1961 à Valenciennes. Après avoir été élève au Conservatoire national de région de Versailles, où il obtient une médaille d'or d'analyse musicale en 1982, il étudie la direction d'orchestre auprès de Jean-Claude Hartemann à Évry, d’abord au centre culturel de l'Agora puis à l'École nationale de musique (1984-1990). Il dirigera ensuite ses œuvres à la Maison de Radio France et lors des rencontres internationales de Darmstadt. Au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1989-1993), il suit les cours d'analyse de Betsy Jolas, les cours de composition d'Ivo Malec ainsi que les cours de composition et d'orchestration de Gérard Grisey. Diplômé d'un premier prix de composition du Conservatoire de Paris, il est lauréat du Concours international de Besançon avec son œuvre pour orchestre La chair de l'aube. Puis, d’octobre 1993 à avril 1995, il est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome. À son retour, il effectue plusieurs remplacements en tant que professeur d’analyse musicale au Conservatoire de Paris et obtient, en janvier 1997, le CA de professeur chargé de la direction des écoles de musique. En 1999, il est lauréat du concours « Villa Médicis hors les murs » de l’AFAA (Association Française d'Action Artistique) et séjourne à ce titre dans les Asturies, en Espagne, où il compose Sombra pour violon. En 2001, il reçoit le prix Claude Arrieu de la Sacem.
 
Egalement impliqué dans la vie musicale, François Paris est membre du comité artistique de l'Itinéraire puis du conseil d'administration de l'ensemble (1993). En 1996, il est élu vice-président de la section française de la SIMC (Société Internationale de Musique Contemporaine). A Sarcelles, de 1997 à 2000, il est successivement directeur de la musique et de la danse puis directeur de l’école municipale de musique agréée (EMMA). Il devient ensuite directeur du CIRM, centre national de création musicale de Nice, et du festival Manca.
 
Pédagogue, il enseigne ou intervient régulièrement lors de séminaires dans diverses institutions en France comme à l’étranger, notamment à l’Université de Berkeley (Californie), au Domaine Forget au Québec, à la Fondation Royaumont et au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. En 2004, il est nommé professeur honoraire de composition à la Capital Normal University de Pékin, puis en 2006, professeur de composition au Conservatoire Américain de Fontainebleau et, à partir de 2010, professeur de composition instrumentale au Conservatoire de Nice. Il est aussi, professeur de composition au Conservatoire de Shanghai pour soixante jours par an, dans le cadre du programme chinois "Oversea master project" (2011-2014).
 
Les œuvres de François Paris ont fait l’objet de commandes de diverses institutions nationales et internationales, notamment de l’Ircam, de l’ensemble Itinéraire, de Radio France, de Nuova Arca, de La Filature de Mulhouse, et de commandes d'État. Elles sont diffusées régulièrement tant en France qu’à l’étranger et concernent tout type de formation, tous les genres, à l’exclusion de la musique purement électroacoustique.
François Paris appartient à la génération de compositeurs parfaitement libérés du poids du sérialisme ; son travail compositionnel est marqué par la remise en question permanente des notions-clés de matériau et de forme. L'élaboration de la matière sonore implique nécessairement pour lui une anamorphose : c'est-à-dire l'intrusion systématique de l'instabilité, de la variation, de la transformation de tout tempérament, de tout spectre, de toute figure, tout en gardant leurs contours audibles et leurs caractéristiques intrinsèques facilement reconnaissables et obligatoirement facteurs de cohérence.
La recherche du compositeur sur les tempéraments commence dès 1991 avec L’octobre seul pour deux clarinettes, harpe, violon et violoncelle. L'empreinte du cygne, double concerto pour violoncelle, piano et orchestre à la mémoire de Gérard Grisey (1998), est entièrement écrit sur un tempérament différent du tempérament classique et met en jeu les micro-intervalles. François Paris tente d’établir des rapports fonctionnels entre mélodie et harmonie, de nouveaux compromis verticaux-horizontaux. De même, l’utilisation simultanée ou alternée de plusieurs tempéraments dans Settembre pour ensemble instrumental (2009) lui permet d’explorer de nouveaux champs harmoniques, formels et mélodiques.
Attaché à la problématique de l’anamorphose, il expérimente de nouveaux développements dans Senza pour six percussions (2005). Cette œuvre sur l’absence est aussi la première pour laquelle il n’a pu s’entretenir du projet, des enjeux esthétiques, poétiques et techniques avec son ami Fausto Romitelli, disparu en 2004.
François Paris se consacre à un cycle d’œuvres sur la question de l’œil et de l’écoute, « l’écouter voir ». Il s’agit d’œuvres associant la musique à une conception artistique visuelle. Ainsi, À propos de Nice pour ensemble instrumental (2005) consiste en un dialogue imaginaire entre la musique du compositeur et l’œuvre éponyme du cinéaste Jean Vigo. Ce premier rapport à l’image l’incite à traduire ou à commenter ce qui se voit avec ce qui est entendu. Il poursuit cette recherche avec Les arpenteurs pour six percussions, sept danseurs et électronique (2007). Cette œuvre pour la scène, imaginée avec la chorégraphe Michèle Noiret, est le fruit d’un ensemble de propositions et de contre-propositions, la musique ne devant pas préexister par rapport à la danse et inversement. Il résulte visuellement de cette collaboration, selon les termes de François Paris, une « danse-cinéma ». Enfin, en 2008, avec Éléments de vocabulaire pour dire, peut-être, quelque chose de simple et de doux pour douze voix mixtes, le compositeur reprend le titre d’une œuvre du plasticien français Martial Raysse. Les deux créateurs partagent la même recherche d’un langage personnel, d’un nouveau vocabulaire d’expression, où l'important ne réside pas dans les techniques mais dans l'usage que l'on en fait.

François Paris entreprend également l’écriture d’un cycle d'œuvres pour voix et ensemble instrumental où chaque œuvre existe de manière autonome avant d'être par la suite incorporée dans le cycle pour enfin, dans un troisième temps, être intégrée à l'opéra. Les confessions silencieuses (1996), qui s’appuie sur le roman Maria Republica d’Agustin Gomez-Arcos, constitue ainsi le troisième volet du cycle, après La chair de l'aube pour orchestre (1992) et Murs pour quatre voix et ensemble instrumental (1993). En 2012, Rosa pour trois voix solistes, sinfonietta et électronique lui donne l’occasion de retravailler concrètement une approche de son futur opéra par la scène de la mort de Rosa. Point d’aboutissement de son cycle, l’opéra Maria Republica est créé en 2016 à l’Opéra de Nantes par les Solistes XXI et l’Ensemble Orchestral Contemporain. François Paris approfondit ensuite son expérience du théâtre musical en explorant de nouveaux territoires du paysage lyrique dans Le cas Jekyll, opéra de chambre pour quatuor, baryton et électronique, sur un livret de Christine Montalbetti (2018).