Etoffe - reste - étoffe. De l'utilisation artistique de restes dans un spectacle musical de Georges Aperghis

Patrick Hahn

Mémoire pour l'Université de Cologne, août 2008, à partir du spectacle Zeugen.
Traduit de l'allemand par Aurélie Ducol.

Introduction
« Un déchet est précieux. Un déchet, c’est de l’énergie. » C’est par ce slogan qu’une usine suisse de traitement des déchets fait la promotion de sa matière première – et, tous les jours, nous lavons nos pots de yaourt. Le « circuit du recyclage » est, de nos jours, une expression familière même aux enfants (ceux vivant en Allemagne, du moins), ne serait-ce que par le ramassage des canettes dans les parcs, le dimanche, pour renflouer un peu le porte-monnaie. Le recyclage est un vaste sujet dans notre société : en matière de déchets, l’Allemagne est à l’avant-garde. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’histoire culturelle de l’Occident pour s’apercevoir que la production artistique – entendons par là l’ensemble des productions artistiques, musique, littérature et arts plastiques confondus – s’apparente, pour une bonne part, à une vaste déchetterie : de vieux matériaux, mythes, contes et légendes, sont repris et retravaillés par les jeunes générations, de sorte que des formes du passé, oubliées, reprennent vie et sont interprétées de façon nouvelle, de même que des résidus prosaïques du monde réel deviennent un matériau de production esthétique. En art, plus que partout ailleurs, on voit comment des restes de matière peuvent devenir des matières recyclables, comment des matériaux s’étiolent et deviennent des restes, jusqu’au jour où ils se trouvent réintroduits dans le métabolisme du recyclage comme autant de germes de production. Quelque part dans le circuit des matériaux recyclables et des matériaux recyclés doit se jouer le processus décisif qui fait d’objets courants des objets d’art, la touche « shift » qui transforme une considération courante en une perception esthétique. La recherche de ce « point de bascule » constitue l’un des fils conducteurs de ce travail...

Le mémoire est disponible en français sur le site de Georges Aperghis.

Août 2008