Miroirs

Grand Comble

Un concert de l'édition 2019 du Festival de Royaumont

Marco Stroppa Tangata Manu, extrait des Miniatures
Alex Nante Invocation
Luciano Berio Six Encores : Brin – Leaf – Wasserklavier – Erdenklavier - Luftklavier - Feuerklavier
Franck Bedrossian Pour les corps électriques
Et oeuvres de Ravel, Honegger

Maroussia Gentet piano

La lauréate du Concours d’Orléans propose un programme scintillant, alternant les Miroirs de Ravel et des œuvres récentes.
Entre 1905 et 1907, Debussy et Ravel travaillent, en même temps, à d’importants cycles pour piano : les Images pour le premier, les Miroirs pour le deuxième.
Si le titre de Debussy renvoie immédiatement à un processus subjectif (ne peut être appelé image que ce qui est vu par une personne), celui de Ravel évoque une construction objective, éventuellement indépendante de l’observateur. Ravel s’en explique, en évoquant une remarque de Brutus, dans Jules César de Shakespeare (I,2) : « for the eye sees not itself but by reflection ».
Il s’appuie alors sur le caractère minéral pour accroître la force des évocations, tandis que les pièces se font écho à elles-mêmes, tels les oiseaux, noctuelles et vagues impersonnelles, ou les cloches qui, lentement, s’enfoncent dans le sourd silence d’une nuit éternelle et dépeuplée.
Non sans avoir, auparavant, reflété des sons plus modernes. Le Tangata Manu, titre qui désigne « l’homme-oiseau » sur l’Île de Pâques, est attribué au vainqueur d’un concours éreintant, qui conjugue force physique et mentale, et ne se réussit sans le concours de forces spirituelles occultes, puissamment convoquées par Nante dans son Invocation. Elévation et énergie qui habitent les « corps électriques » de Bedrossian, et portées à leur paroxysme par Berio dans ses Luftklavier et Feuerklavier en particulier.