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José Javier Torres Maldonado est né à Chetumal au Mexique en 1968. Il étudie le violon avec Icilio Bredo ainsi que la composition avec José Suárez au conservatoire de Mexico City (1982-1994). En 1996, il quitte Mexico et s’établit en Italie. Il poursuit son apprentissage auprès de Sandro Gorli et Alessandro Solbiati au conservatoire Guiseppe Verdi de Milan, dont il sort diplômé en 1999. Il complète sa formation auprès de Franco Donatoni et Azio Corghi, à l’Académie nationale Sainte Cécile à Rome et à l’Académie musicale Chigiana à Sienne, puis auprès d’Ivan Fedele au Conservatoire de Strasbourg, où il obtient un premier prix de composition en 2003. Il étudie également la composition électroacoustique au Conservatoire de Milan (1999-2003), ainsi qu’à l’Ircam (2003).
José Javier Torres Maldonado remporte de nombreux prix de composition internationaux : prix Città di Barletta (Italie, 1997), prix Ad Referendum II (Montréal, 1997), prix Queen Maria Jose (Genève, 2000), prix Alfredo Casella de Sienne (2001), prix Queen Elisabeth (Bruxelles, 2004). Invité par l’Université de Montréal et par le Nouvel Ensemble Moderne, sélectionné pour représenter l'Amérique latine, il reçoit le Prix des Musiciens au Forum 1998. En 1999 et 2001, il est distingué au Mozarteum de Salzbourg.
Parmi les commandes qu’il reçoit, citons celle de l’État français pour Destellos, Abismo pour voix et cinq musiciens (2010), celles du Grame pour Sinfonia mixta pour trois groupes instrumentaux et support électroacoustique (2008), Iridescente pour piano, percussion électroacoustique en temps réel et vidéo (2011), et Juegos Fantasticos pour trois chœurs d’enfants, chœur de femmes, didjeridoo et électroacoustique en temps réel (2013).
La technique, au service de la musique, est une composante très importante pour José Javier Torres Maldonado, qui fut très marqué par la relation entre technique et art de Franco Donatoni. C’est avec son cycle Figuralmusik (1996-1998) qu’il développe sa propre technique. Elle découle de sa fascination pour la transformation de figures archétypiques dans le cadre de mécanismes déterminés a priori, permettant de fixer à l’avance le comportement des éléments musicaux. José Javier Torres Maldonado joue avec la mémoire de l’auditeur et tend à expérimenter diverses transformations afin de sonder sa faculté à reconnaître les figures initiales.
Il construit ainsi des formes et élabore des couleurs harmoniques très définies qui se développent dans le temps. Il innove dans l’organisation du temps, des timbres et de l’espace (De ignoto cantu pour clarinette basse, trompette, violon, violoncelle, percussion et électronique, 2004). Son travail illustre la complémentarité entre les techniques de composition strictes et les possibilités offertes par les nouveaux moyens technologiques.
Iridescente (2011) illustre sa conception d’une musique multidimensionnelle, au niveau de l’œuvre comme au niveau du temps de sa réalisation : dialogues et interactions entre compositeur et interprètes, entre homme et machine (compositeur et moyens technologiques), entre instruments acoustiques, dispositif électroacoustique et vidéo, entre compositeur et artiste visuel, entre compositeur et assistant musical. À cela s’ajoute l'interaction essentielle, virtuelle, fantastique et qui a lieu dans un espace imaginaire supplémentaire : le dialogue avec les souvenirs d'enfance du compositeur.
La musique de José Javier Torres Maldonado est en symbiose avec les éléments culturels des mondes qu’il a expérimentés. Ximohua pour voix et quintette à vent (1997) est basé sur des textes du poète aztèque Nezahualcoyotl. Le travail sur la voix y est inspiré par la vocalité présente dans les musiques traditionnelles d’Amérique centrale et d’Amérique du Nord. Exabrupto pour trois groupes instrumentaux, piano et percussion (1998), est un hommage à la mémoire des Indiens mexicains assassinés à Acteal au Chiapas.
Un posible dia, quasi un radiodrama pour voix de femme, acteur, ensemble et dispositif électroacoustique (2011) s’appuie sur un récit imaginé par l’écrivaine brésilienne Ana Candida de Carvalho. La soprano glisse constamment du parlé au chanté, voire au Sprechgesang, tandis que l’écriture instrumentale, incluant un important pupitre de percussions et un accordéon, porte le récit en continu et fusionne avec l’électronique, que le compositeur instille avec finesse dans une trame sonore riche et suggestive.
Viaje, opéra de chambre pour quatre chanteurs, quatre instruments et électronique (2014), sur un livret de l’historienne et écrivaine mexicaine Christina Rivera-Garza, relate l’histoire de deux photographes, lancés dans une quête personnelle qui les amène à refaire, dans la même voiture, le trajet de la course panaméricaine de 1950 au travers du dangereux Mexique d’aujourd’hui. De Ciudad Juàrez, ville frontalière avec le Texas, à El Ocotal près du Guatemala, huit étapes rythment les séquences du drame musical, où l’imaginaire et le réel oscillent au centre des paysages musicaux du compositeur.
José Javier Torres Maldonado compose pour tout type de formation : instrument seul (Tiento pour violoncelle, 2002), musique de chambre (Ad imitationem moduli pour trio à cordes, 2004), électroacoustique (Ventus animae, 2007), mixte (El suspiro del angel pour trois groupes instrumentaux et support électroacoustique, 2006), musique vocale (Destellos, Abismo pour voix et ensemble, 2010), musque concertante (Obscuro etiamtum lumine pour violon et trois groupes orchestraux, 2004), orchestre (Currentes, 2003), opéra (Viaje, 2014).
Son travail reflète l'idée d’une intégration complète entre un art de la composition qui conserve des racines profondes dans la plus grande tradition musicale de l'Ouest, la multidisciplinarité, des éléments de différentes cultures et les possibilités résultant des nouvelles technologies.
José Javier Torres Maldonado est également chef d’orchestre, cofondateur et directeur artistique du Dynamis Ensemble. Il a notamment collaboré avec Jonathan Harvey pour l’enregistrement d’un disque monographique consacré à ce dernier.
Il est aussi professeur de composition électroacoustique en Italie, successivement aux conservatoires d’Alexandrie (2003-2007), de Milan (2007-2011) et de Parme, où il est par ailleurs coordinateur scientifique du cycle de séminaires « Labirinti Sonori » organisé par le Conservatoire et la Casa della musica.
Il donne régulièrement des masterclasses et séminaires dans des institutions européennes et continue à être impliqué dans la vie artistique et académique de son pays, en tant que compositeur et professeur invité, en collaboration avec différentes institutions éducatives.