Né en 1942 à Lyon, Alain Moëne s’oriente d’abord vers des études de droit avec la préparation d’une licence à l’Université de Lyon, avant de se consacrer entièrement à la musique.
Formé au Conservatoire régional de Lyon puis au Conservatoire de Paris, il est notamment l’élève de René Challan, Marcel Bitsch, Jean Rivier (1966) et André Jolivet (1967) dans les classes d’histoire de la musique, d’harmonie, de contrepoint, de fugue et de composition.
En 1966, il obtient une bourse de la Fondation Saint Paul, puis sa première œuvre, Trio utilisant le quart de ton, est sélectionnée à la Biennale de Paris (1967). Il explore alors toutes les potentialités de la microtonalité.
En 1968, il obtient une bourse de la Fondation Lili Boulanger et concilie dès lors la composition et des fonctions dans l’audiovisuel public, à l’ORTF, puis à Radio France. Il est ainsi assistant de production à la radio, producteur et conseiller musical à la télévision puis conseiller artistique auprès du directeur des programmes et services musicaux à Radio France. En 1976, il est nommé directeur artistique de l’Orchestre national de France, poste qu’il occupe jusqu’en 1983. Il est ensuite successivement chef du service de la musique de chambre (1984-1987), chef du programme de France Musique (1987-1990), délégué aux activités lyriques et chorales (1990-1998), responsable du service de la création et directeur artistique du festival Présences (1999-2001) et enfin délégué chargé de la coordination de la production musicale.
En tant que compositeur, Alain Moëne est primé à diverses reprises. Ainsi, son œuvre Kemma pour orchestre à cordes, créée par l’orchestre de chambre de l’ORTF, est sélectionnée pour la Tribune internationale de l’Unesco en 1973. Il reçoit ensuite, en 1977, le prix de composition Georges Enesco de la Sacem. En 1989, Babylone, pour cinq voix, flûte, hautbois, clarinette, quatuor de trombones et trio à cordes, enregistré sur un disque Erato-MFA, est nommé aux Victoires de la musique.
Cette œuvre fait partie d’un cycle de pièces consacrées à la voix et associées à des formations instrumentales inaccoutumées, cycle inauguré en 1976 par Glaukos, pour six voix et quintette de cuivres.
Alain Moëne écrit pour diverses formations, du soliste au grand orchestre. Emone, pour alto seul, est ainsi créé par Alain Bancquart en 1973 ; Emois, conte, quarante-deux mots, composé en 2008, est destiné à un violoncelliste chanteur ; Pour piccolo, dédié au flûtiste et piccoliste Jean-Louis Beaumadier, exploite, par des rythmes complexes et des modes de jeu contemporains, les ressources de l’instrument et la virtuosité de l’interprète.
Dans le domaine de la musique de chambre, il convient de citer le Trio à cordes (1981), créé par le Trio à cordes de Paris au festival Manca, le Trio pour hautbois, violon et alto (1987), créé au festival d’Angers, et le Quatuor pour clarinette, cor, violon et violoncelle (1990).
Pour une formation élargie, Le grand décret, pour cinq voix et huit instruments (2007), est créé par l’ensemble Musicatreize et l’Itinéraire à la Maison de Radio France.
Les œuvres pour orchestre Les lunes improbables (1974), Deux (1998) et l’œuvre concertante Sitis (1976), pour clarinette et orchestre, sont tout aussi importantes dans sa production. Il est à noter également des pièces pour effectifs spécifiques, telles que Cronos (2009) pour l’Orchestre français de flûtes, et Monogatari, une rencontre entre instruments baroques et instruments traditionnels japonais, créé en 2011 à Tokyo par l’ensemble Muromachi.
Alain Moëne est décédé dans la nuit du 20 au 21 août 2024.
Ses œuvres sont éditées chez Salabert et Billaudot.