Philippe Mion est né à Tournan-en-Brie en 1956. Choriste de 8 ans à 25 ans, il chante notamment avec Les Petits chanteurs de Vincennes et dans la Chorale universitaire Paris-Sorbonne. À l’âge de 12 ans, il commence l’étude de la guitare classique et est ensuite diplômé du Conservatoire de Vincennes et du Conservatoire du XIIe arrondissement de Paris. Après une année de classe préparatoire en mathématiques supérieures, il opte définitivement pour la musique. Il étudie à l’Université Paris-Sorbonne (1974-1978) ainsi qu’au Conservatoire supérieur de musique de Paris, notamment dans les classes de Pierre Schaeffer et Guy Reibel. Il obtient le Prix de composition en 1977 et devient assistant de Pierre Schaeffer et de Guy Reibel au Conservatoire (1977-1978).
Dès lors, il se consacre au concert électroacoustique, à la composition ainsi qu’à la pédagogie.
Au travers de cours ou de projets artistiques, il mène une réflexion et une pratique expérimentales centrées sur l’invention, une philosophie de la « direction du son » sur ensemble de haut-parleurs. De 1979 à 1989, il est responsable des régies musicales au Cycle acousmatique GRM (Groupe de recherches musicales)-Radio France et acquiert une expérience à la fois technique et musicale. Praticien de l’« interprétation » des musiques acousmatiques sur dispositif de haut-parleurs, il se produit dans divers contextes en France ainsi qu’à l’étranger, et particulièrement dans les concerts du GRM, de Grame, du GMVL (Groupe Musiques Vivantes Lyon) et au festival Futura.
Philippe Mion compose des œuvres acousmatiques (Statue, 1985 ; L’échappée, 2012), des œuvres mixtes (Dix chansons précieuses pour soprano et bande, 1989 ; Voix d'ailes pour trio à cordes et bande, 1994), des œuvres instrumentales ou vocales (Oiseaux cent façons pour ensemble instrumental et chœur, 1985) ainsi que deux opéras et plusieurs ouvrages de théâtre musical (Léone, 1993).
Léone pour six chanteurs et électronique est le fruit d’une collaboration avec l’écrivain Philippe Minyana. Comme dans toutes ses œuvres mixtes, Philippe Mion cherche à préserver la magie des présences acoustiques et conçoit des parties électroacoustiques très sèches, sans réverbérations ni espaces artificiels, afin de leur donner une présence acoustique crédible qui puisse jouer avec celle des voix. La partie éléctronique est faite de phrases, de silences, de tensions et détentes, d’éléments solistes et de polyphonies. Elle peut jouer avec le chant au même titre qu’une partition instrumentale et elle propose par l’étrangeté et le naturalisme du matériau un expressionisme puissant, une poétisation permanente.
Philippe Mion apprécie l’impudeur de l’acte vocal, surtout lyrique. Les éléments sonores électroacoustiques vers lesquels il se sent attiré spontanément ont souvent un aspect organique, « gestuel ». Il utilise peu de sons « carrés » ou « mécanistes » et préfère les formes courbes, les volutes, les mouvements ronds, les timbres fragiles, un peu sales.
Philippe Mion s’inspire aussi de l’écrivain Henri Michaux : son oratorio L’image éconduite (1984) est composé d’après Apparition-Disparitions, récit d’un voyage intérieur. De même, l’oratorio Je joue de la fumée (2013) s’inspire des Premières impressions de l’écrivain.
Certaines œuvres telles Métamorphose d’Orphée et Confidences (1995) orientent l’écoute vers le minimalisme et les articulations serrées. D’autres répondent à un besoin du compositeur d’approfondir le travail sur les frottements d’archets. Ainsi Statue (1985) permet d’explorer le son fragile, un peu sale, issu presque intégralement de frottements d’archets sur divers corps (marimbas, vibraphone, boîtes en plastique, en carton, gamelle, casserole, timbale, verre, saladier, cloche, senza, wood-block…).
Les œuvres de Philippe Mion, pour le concert, le ballet, le théâtre, et pour une moindre part le cinéma, reflètent l’importance qu’il accorde en composition au point de vue perceptif. Il ne conçoit pas d’abstraction musicale sans la nourrir d’émotions.
Pensionnaire à la Villa Médicis, Académie de France à Rome, de 1989 à 1991, Philippe Mion reçoit le prix Sacem Stéphane Chapelier-Clergue-Gabriel-Marie en 1996, ainsi que le prix Sacem de la partition pédagogique en 2002.
Sur le plan pédagogique, il est responsable de l’atelier d’initiation à la composition électroacoustique GRM-Ville de Paris de 1979 à 1989. En tant que producteur régulier à Radio France (1979-1982) auprès de Guy Reibel, il participe à des émissions bi-hebdomadaires s’adressant aux enseignants, « éveil à la musique » et « Concerts-lecture ». Il dispense également une pédagogie d’éveil musical à l’intention d’enfants, d’amateurs, de jeunes musiciens professionnels, d’enseignants, de conseillers pédagogiques et formateurs musicaux divers, dans des cadres associatifs ou institutionnels (écoles, conservatoires, écoles normales, IUFM, CFMI, CeFeDeM…). Il intervient ainsi notamment au CFMI d'Orsay-Université Paris Sud et collabore en partie aux activités de la Muse en Circuit.
Titulaire du CA d’électroacoustique, il enseigne la composition électroacoustique au Conservatoire de Vitry-sur-Seine et l’analyse musicale au Conservatoire Royal de Mons, en Belgique.