Miroir élégiaque - Un recital pour Gianfranco

Concert
Institut culturel italien (Bruxelles)
Mardi 11 Juin 2019 - 19:00
Compositeur(s): 
György Kurtág

Avec le pianiste Gregorio Nardi. 
À l'occasion du finissage de l'exposition À travers le miroir de Gianfranco Vinay.

Gyorgy Kurtag Merran’s dream (Caliban’s detecting-rebuilding Mirranda’s dream) (1998); Hommage à Beatrice Stein (2000)
Et oeuvres de Chopin, Mendelssohn, Haydn, Schumann, Debussy, Franz, Liszt, Wagner, Dukas, Ives

En voulant rendre hommage à l’artiste Gianfranco Vinay, à ses tableaux-miroirs, un programme né rationnellement comme réflexion sur le concept de miroir en musique – bâti sur une idée formelle, en canon par exemple, ou sur un dialogue de citations entre compositeurs qui se regardent l’un dans l’autre ; ou, finalement, sur l’évidence d’un titre – a fini pour se transformer en image-hommage affectueuse du dédicataire, l’ami Gianfranco.

Le projet original est resté, c’est toutefois enrichi de définitions symboliques. Le Faune découvre sa propre image dans l’eau, Dukas reconnait celle de Debussy parmi les reflets de son inquiétude. Eichendorff – ou Schumann lui-même – fige ses yeux dans l’obscurité alors qu’il interroge les oiseaux qu’il ne peut pas discerner dans la nuit printanière. Dans la maison des Alcotts les voix de la famille réverbèrent joyeusement, miroir sonore. Dans les miroitements des fontaines est réfractée la vision mystique de Liszt, évocation de la samaritaine. Pas de surprise si Liszt a une place importante : il se contemple sans crainte dans le semblant des compositeurs qu’il transcrit. La fraiche mélodie de Chopin se change en souvenir mélancolique ; la tempête nocturne de Robert Franz emprunte une citation de Chopin.

D’autres morceaux et compositeurs donnent un fondement à l’inspiration des créations de Gianfranco : Ives, bien sûr, et Voiles de Debussy – dont nous retrouvons une dernière citation voulue par Kurtag, là ou Caliban rêve le rêve de Miranda.

D’autre musiques racontent une histoire d’amour – ni j’aurai pu penser à Gianfranco sans insister sur cette substance de sa personnalité : la préparation des noces dans le chef d’œuvre de Bellini ; les tendres paroles de la mélodie de Chopin ; l’espoir de Schumann ; la perte de l’espoir, l’abîme, dans un rare fragment très aimé par Wagner ; la solitude profonde et recelée de Mendelssohn : la prière d’Orphée qui est à la base des variations de Haydn.

Le pianiste aussi a sa part dans le parcours. L’histoire et la convention nous ont accoutumés à le voir une partie du récital en tant que spectacle ou pédagogie. Ici, faible disciple d’Orphée, il entend descendre parmi les paysages de l’âme, sur les sentiers secrets de la forêt. À travers les miroirs.

Entrée : libre