Alterminimalismes 2 - Collège des Bernardins (Paris)

Dans le cadre du cycle « Alterminimalismes »

Première partie : Quentin Sirjacq (piano), Steve Argüelles (électronique) : La Chambre claire
Deuxième partie : Oren Ambarchi (guitare, électronique).

Parce que le minimalisme est essentiellement, au même titre que les polyphonies d’un Machaut ou certaines musiques orientales, une musique de la « stase », ce concert propose une tentative de suspension du temps. C’est en effet le sentiment qui se dégage des morceaux, issus d’improvisations, qui composent La Chambre claire, premier album du pianiste Quentin Sirjacq. Emancipant son instrument de ses influences (Debussy, le minimalisme de John Adams et Philip Glass, le jazz), avec la complicité de Steve Argüelles et ses traitements électroniques impressionnistes, il livre une suite de morceaux entêtant et éthérés, dévidant sans les dire les derniers vers de l’Obsession de Baudelaire (« Car je cherche le vide, et le noir, et le nu ! / Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles / Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers / Des êtres disparus aux regards familiers »). Non moins obsédantes sont les lentes épiphanies que propose l’Australien Oren Ambarchi, dont on espérait depuis longtemps le retour à Paris. De plus en plus mature, de plus en plus riche dans son dénuement, ses fausses chansons abstraites, étirées et atmosphériques en font l’un des grands rénovateurs d’une musique ambient à la fois cultivée et physique. « J’adore la musique dans laquelle je peux me perdre », dit-il. Ne reste plus qu’à le suivre.