La musique au XXe siècle : Comment développer (et non déconstruire) l’autonomie si contestée de la musique ?
Séminaire du Cdmc 2003-2004
La musique au XXe siècle : l'hypothèse de la continuité
sous la direction de Martin Kaltenecker
La musique au XXe siècle : Comment développer (et non déconstruire) l’autonomie si contestée de la musique ?
François Nicolas, compositeur
L’autonomie de la musique, lentement conquise depuis le Moyen âge, se voit aujourd’hui durement attaquée au nom de fonctions (sociales et étatiques, religieuses et ludiques, culturelles et cultuellesŠ) proclamées indépassables, fonctions dont - nous dit-on - la musique ne pourrait se détourner sans se priver des nombreux avantages que procure, en ces temps «réalistes», le parti de la servitude volontaire et de la mise sous tutelle. En quoi consiste, au seuil du troisième millénaire, cette ambition singulière de la musique de se normer elle-même, ambition qui lui est si fortement déniée ? A rebours d’une «déconstruction» (doucereu-sement plaidée au nom de la «modernité» du nihilisme), comment consolider aujourd’hui cette autonomie de pensée et d’action, comment la musique peut-elle - doit-elle - renouveler cette capacité d’être à elle-même sa propre loi ? De quelles nouvelles tutelles lui faut-il pour cela s’émanciper ? Quelles nouvelles opérations lui faut-il conquérir (voir le rôle décisif joué par l’invention du solfège dans la constitution d’une souveraineté musicale de pensée) ? Et si l’autonomie de la musique n’est nullement une autarcie, quelles en sont, en ces rudes temps de disette de la pensée, les alliés possibles en dehors du seul domaine musical ?