Articulations : Le réinvestissement stylistique est-il un enjeu de la modernité ?

Séminaire du Cdmc 2004-2005
Articulations
sous la direction de Jean-Marc Chouvel,
en collaboration avec l’Instant Donné
Le réinvestissement stylistique est-il un enjeu de la modernité ?
Avec : Giuliano D’Angiolini, compositeur, ethnomusicologue ; Sébastien Béranger, compositeur ; Yassen Vodenitcharov, compositeur
Le monde est "découvert". Il n’existe plus de lieu où nous puissions dire "je suis le premier à passer par là". C’est en tout cas vrai pour la géographie physique, encore que l’on découvre encore de somptueuses grottes jusque dans nos contrées. Mais la géographie "humaine" est sujette à plus de variations. À commencer par celles de l’œil de l’observateur. Cette différence de point de vue est parfois radicale, et nous amène à percevoir le même lieu d’une autre manière.
Le problème des styles n’est-il pas du même ordre ? L’invention d’un nouveau style peut en effet paraître aujourd’hui une lubie loufoque. Les artistes, comme les autres habitants de la planète sont contraints à ré-habiter des espaces déjà colonisés par d’autres. La différence de point de vue suffit-elle à prémunir contre la "redite" ? Suffit-elle à générer la part d’"inédit" qui rend une œuvre originale ?
En même temps que l’art moderne se voulait en totale rupture de banc avec toute forme d’antériorité, il a au fond toujours réinvesti des champs entiers d’art ancien : Picasso et l’art nègre, Kandinsky et l’art populaire… et en musique, Stravinsky, Berg, Berio, etc… Cette ré-appropriation se fait au profit d’un décalage dont les modalités sont souvent passées sous silence. Or, au-delà du simple "laisser-aller", ce décalage est l’enjeu principal de l’écriture : comment se met-il en œuvre ? Comment la notion de style s’en trouve éclairée ?