Révolutions sonores, de Mallarmé à la musique spectrale

Guy Lelong
Révolutions sonores, de Mallarmé à la musique spectrale

Ces Révolutions sonores sont consacrées aux enjeux et aux conséquences de la musique dite « spectrale », mouvement dont l’importance n’est plus à montrer puisque deux de ses principaux protagonistes – les compositeurs Gérard Grisey et Marc-André Dalbavie – ont déjà été inscrits au programme du baccalauréat musique, en 2001 pour le premier, en 2011 pour le second.
L’ambition de cet ouvrage est de montrer que ce courant artistique majeur de ces dernières décennies relève d’un renversement plus général de la pensée qui a émergé avec Mallarmé un siècle plus tôt pour diversement traverser l’ensemble du champ artistique au cours du xxe siècle.
En incitant l’écrivain à ne plus se plier à un sens préalable pour se laisser guider par les caractéristiques mêmes du langage, Mallarmé a retourné la littérature. Ce retournement est ici expliqué à partir d’une analyse de la Prose pour des Esseintes, dont toutes les énigmes sont pour la première fois levées.
La musique spectrale a accompli un renversement analogue en cessant de développer la musique à partir de motifs thématiques, pour plutôt la générer à partir de la physique même des sons. Principalement expliquée ici à partir des Espaces acoustiques de Gérard Grisey, cette révolution conceptuelle a conduit les protagonistes de ce courant à élargir le champ musical à l’ensemble du champ sonore dont il n’appréhendait jusque-là que des parties.
En incitant l’artiste à déduire ses travaux des contextes où ils prennent place, la notion d'in situ, telle qu’elle a été conceptualisée par Daniel Buren, a inversé la relation que les oeuvres d’art entretiennent avec leurs lieux de présentation. Ce renversement est ici importé au domaine sonore afin de répertorier les différentes modalités de la musique in situ.
Ainsi, ces trois conceptions de l’art, ayant respectivement cédé l’initiative aux mots, aux sons et au site, apparaissent-elles relever d’un même retournement de la pensée dont cet essai s’attache à montrer les transformations qu’il induit sur le champ artistique. L’étude de ces trois renversements permet ensuite à l’auteur d’exposer un nouveau modèle d’intégration du texte à la musique, qu’il a notamment expérimenté lors de ses collaborations avec le compositeur Marc-André Dalbavie.
Ainsi cet ouvrage élabore-t-il peu à peu une théorie des rapports texte / musique / contexte.
Les thèses de cet ouvrage ont déjà suscité un vif intérêt, puisque les versions préparatoires de certaines de ses parties ont été publiées et traduites dans diverses revues, en Argentine, au Luxembourg, au Canada, en Espagne. Et la section initiale consacrée à Mallarmé, parue dans une première version en 1998, a été saluée par plusieurs spécialistes de Mallarmé, dont Pascal Durand dans son livre Mallarmé, du sens des formes au sens des formalités (Seuil, Liber, 2008).

Guy Lelong, écrivain, critique et chercheur, est l’un des meilleurs connaisseurs de la musique spectrale, puisqu’il a été un proche des principaux protagonistes de ce courant musical depuis le milieu des années 1980. Il a notamment édité Les Écrits de Gérard Grisey ou l’invention de la musique spectrale (éditions MF, 2008) et collaboré avec le compositeur Marc-André Dalbavie, pour quatre de ses pièces vocales, ainsi que pour un livre d’entretien (Le Son en tout sens, éditions Billaudot, 2005).
On lui doit également une monographie consacrée à Daniel Buren (éditions Flammarion, 2001), une pièce radiophonique sur la villa Savoye de Le Corbusier (Plan libre, livre avec CD, éditions MF, 2005) et un roman in situ (Le Stade, préface de Daniel Buren, éditions Les petits Matins, 2009).

Collection : Répercussions

Paris : Editions MF, 2010 - 216 p.
Août 2010