Dire la musique - à la limite

Stéphane Roth et Isabelle Soraru (sous la direction de)
Dire la musique - à la limite

Une certaine hésitation, semble-t-il, précède tout discours voué à la musique. Que nous nous employions à la nommer, à la décrire, à la transcrire, à la déchiffrer par les mots ou à en articuler une traduction, nous nous trouvons constamment et d’emblée confrontés à une tâche qu’il n’est pas aisé de mener à bien, qui nous pousse à considérer que jamais nous ne dirons la musique telle qu’elle se présente à nous, mais toujours de manière différée et, en quelque sorte, inappropriée. Si pour George Steiner, « le langage, au regard de la musique, “tripote”, recourt à la colle, à la ficelle ou aux clous rouillés qui sont plus ou moins à portée de main », nous pourrions tout aussi bien soutenir avec Gilles Deleuze que la position-limite à partir de laquelle oeuvre le musicographe est toujours déjà celle d’un « étranger dans sa propre langue ».
Tel est le lieu commun — et le paradoxe — de la culture musicale moderne à partir duquel ce volume a été pensé. La « résistance » et la « nécessité » mutuelles qui fondent le couple de la musique et du verbe, leur dialectique et leurs limites y sont successivement abordées par les prismes philosophiques, littéraires et musicologiques. Il s’agit de considérer l’écriture de la musique et, à la limite, de réactiver la thèse de l’ineffable musical, en le contraignant à se présenter sous ses différents visages de manière à interpréter la nature respective des territoires en jeu, et surtout de la frontière qui les sépare et les lie.

Textes de Alessandro Arbo, Guillaume Bordry, Marik Froidefond, Henri Garric, Magali Guiet, Gert Jonke, Marie-Louise Mallet, Raymond Monelle, Timothée Picard, Danièle Pistone, Stéphane Roth, Jonathan Rousseau, Pascale Saarbach, Bernard Sève et Isabelle Soraru.
Coda de Jean-Luc Nancy.

Publication L'Harmattan, Paris, 2012 - 254 p.
Décembre 2012