Jour 54
Opéra radiophonique de Pierre Jodlowski d'après Georges Perec
Pierre Nouvel : scénographie, video, lumières
Avecles voix enregistrées des comédiens et la musique enregistrée par l’Orchestre philharmonique de radio-France, direction Jean Deroyer.
Ce qui ressemble d'abord à une histoire policière dans les milieux résistants de la Deuxième guerre mondiale glisse peu à peu dans un tourbillon littéraire mêlé d'échos à l'Histoire, de digressions mentales, de jubilations des mots et des chiffres : un piège se referme, à nous de tenter de l'ouvrir. Trois comédiens s'échangent la parole, dans trois langues différentes (français, anglais et italien), alternant narration, confessions de l'auteur et jeux poétiques. La musique est construite en relation étroite avec l'œuvre littéraire. La partie des solistes se teinte de l'univers jazz des films policiers des années 60. L'orchestre symphonique se retrouve contaminé par les mêmes jeux de contraintes littéraires que Perec utilise dans l'écriture, improvisant parfois, jouant avec les notes comme l'auteur joue avec les mots.
Pierre Jodlowski donne vie, à travers la musique et la voix, à ce labyrinthe littéraire, savant maillage de ruptures, d'énonciations et d'abstractions, exercice « oulipien » dont les mots répétés à l'infini évoquent parfaitement la complexité et la force de la pensée de l'auteur de La Disparition.