Appel à communication - Colloque Les lutheries électroniques

L’apparition de l’instrument électronique, des techniques d’amplification et d’enregistrement au début du XXe siècle, puis la révolution numérique au tournant du millénaire ont profondément bouleversé le monde de la musique. Ces innovations ont touché l’ensemble des pratiques et favorisé l’éclosion de nouveaux processus de création. En replaçant le phénomène dans son évolution historique, ce colloque interdisciplinaire témoigne des dernières évolutions de la lutherie électronique et numérique, mais aussi des interactions entre ces dernières et la facture instrumentale traditionnelle - dans un mouvement qui dessinera l’instrumentarium de demain.

Les propositions de communication pourront notamment s’articuler autour des axes suivants :

1. Les instruments pionniers des lutheries électroniques : comment rendre compte de l’apparition et de l’essor — mais aussi parfois de la disparition — des instruments électroniques primitifs (theremin, ondes Martenot, trautonium, etc.) ? En quoi s’inscrivent-ils dans l’histoire du grand XXe siècle, aussi bien dans ses contextes musicaux et technologiques qu’historiques et culturels ?
2. Archéologie industrielle des lutheries électroniques : quels éclairages donner aux processus de détournement ou au contraire d’imitation (au contact des instruments acoustiques), qui ont guidé l’invention de certains instruments ? Que dire de la reproductibilité de ces objets manufacturés qui, bien que popularisés par leur industrialisation progressive, portent souvent l’empreinte unique de ceux qui les jouent ?
3. La conservation/restauration des instruments électroniques : quelle(s) stratégie(s) adopter face à l’obsolescence technologique propre aux instruments électroniques, au défaut de documentation dont ils sont victimes et à la disparition des savoirs qui les ont vu naître ? Comment conserver ou exposer ces instruments ? Le rayon des « objets d’art » est-il leur place ? De quoi cette volonté de préservation d’instruments longtemps marginalisés est-elle aujourd’hui le signe ?
4. Un répertoire électronique ? Œuvres et culture « electro » : les explorations sonores de l’électronique et de l’informatique musicales ont infusés tous les pans de la création musicale, des avant-gardes aux musiques populaires. Le studio acousmatique, le festival underground et le dance-floor urbain sont-ils traversés par des pistes formelles communes ? Quelles explorations, quelles idéaux esthétiques, quelles dynamiques culturelles attachées aux machines ou aux pratiques urbaines par exemple, peut-on dégager de ces productions ? De quelles « cultures de l’écoute » la lutherie électronique est-elle constitutive ?
5. De l’électronique au numérique : en quoi la modélisation numérique des dispositifs électroniques est-elle une solution à la préservation de cet instrumentarium ? Quels en sont les problématiques-clés, les écueils, les succès ? D’autre part, comment mesurer l’effet de la diffusion à l’échelle planétaire des outils de composition informatique, d’échantillonnage ou de transformation sonore contrôlés par ordinateur ? Ce dernier s’est-il mu en hyper-instrument, maître de tous les sons ?
6. Vers une musique sans instruments ? Comment et par qui la musique électronique est-elle produite aujourd’hui ? Comment interpréter la relation entre la sophistication des logiciels informatiques et les faveurs régulièrement énoncées par les artistes pour le « grain » des dispositifs analogiques ? Peut-on parler de « rematérialisation » de la musique électronique ?

Comité d’organisation : Thierry Maniguet, Benoît Navarret, Marion Platevoet et Agnès Puissilieux
Conseil scientifique : Marc Battier, Pierre Couprie, Hugues Genevois, Thomas Hélie, Jean-Yves Leloup, Emmanuel Parent, Nadia Ratsimandrésy, Stéphane Roth, et Matthieu Saladin
Durée des communications : 20 minutes
Langues du colloque : français et anglais

Les propositions de communication (2000 signes), en français ou en anglais, seront adressées à colloques@philharmoniedeparis.fr accompagnées d’une brève présentation biographique (maximum 800 signes) avant le 6 décembre 2017. La sélection retenue par le comité scientifique sera communiquée en janvier 2018. Afin d’encourager la venue de jeunes chercheur-se-s non nécessairement affilié-e-s à des établissements de recherche, un soutien au déplacement pourra être examiné pour les propositions retenues.

Date limite: 
Wednesday 06 December 2017